Les artistes rencontrent la ville
Les œuvres présentées dans le cadre de Panart Neuchâtel naissent d’une rencontre entre l’artiste et le contexte neuchâtelois. L’événement vise ainsi un véritable ancrage local et invite des artistes venu·es de toute la Suisse à s’imprégner chacun et chacune à sa manière de la région pour imaginer une nouvelle création destinée à prendre place dans ce vaste espace.
Davide Cascio
*1976, Lugano et Paris
Les travaux de l’artiste tessinois Davide Cascio s’intègrent dans un espace architectural. Il développe son langage par emprunt à la culture populaire, la littérature et d’autres domaines, pour développer un lien entre architecture physique et mentale.
En découvrant Neuchâtel, l’artiste a été frappé par le nombre et la diversité des fontaines qui se trouvent au centre-ville. En s’inspirant du moulin à eau, il élabore une sculpture cinétique sur la fontaine du château qui se démarque des autres fontaines par sa sobriété. Caractéristique mise à mal par l’artiste. Son installation se prolonge au château de Valangin.
Davide Cascio, Rotofontaine, 2024, éléments en métal, peinture et métal émaillé, dimensions variables
Davide Cascio, 5 discs, 2024, métal émaillé, dimensions variables
Production en collaboration avec Christophe Corbaz
Photographies par Maxime Genoud
Rosalie Evard
*1994, Neuchâtel
Les peintures de Rosalie Evard sont le résultat d’un assemblage hétéroclite : fragments de corps et accessoires de mode piochés dans des magazines, capture de portrait dans la rue, mobilier de brocante, végétation, ornements et papier peint. Tous ces sujets, choisis de manière intuitive, sont scannés puis manipulés sur un logiciel. Lors de cette étape, l’étrange se mêle à l’absurde, le burlesque à l’extravagance donnant naissance à une réalité nouvelle. Ces scènes plurielles et parfois interrogatives sont alors entièrement réalisées en peinture acrylique sur toile grand format. C’est à ce moment que l’artiste se révèle et utilise son savoir-faire technique tantôt minutieux, tantôt brut, mais surtout jubilatoire.
Artiste neuchâteloise en résidence à Berlin, elle jette un regard subjectif sur sa ville, plein de souvenirs merveilleux. Ses œuvres se déploient à la place du port et au quartier des Acacias.
Rosalie Evard, bienvenue dans ma tête, 2024, peinture sur bois, 2,4 x 4 mètres
Rosalie Evard, Sophie, 2024, peinture imprimée pour affichage, 3 x 6 mètres
Rosalie Evard, 6 pas en arrière et 8 pas sur la gauche, 2024, peinture imprimée pour affichage, 3,25 x 5,8 mètres
Installation en collaboration avec ADL publicité
Photographies par Maxime Genoud
Laure Marville
*1990, Genève
Laure Marville multiplie les types d’impression, répétant des motifs qu’elle découpe et réassemble. Sous les apparences joyeuses, ses œuvres révèlent des messages profonds et grinçants.
L’artiste a fait trois ateliers avec des classes de l’école obligatoire. Les élèves devaient s’exprimer sur les questions suivantes : « qu’est-ce qui vous fâche, vous rend triste ou vous ennuie dans la vie de tous les jours », « qu’est-ce que vous souhaitez pour vous et pour les autres dans le futur ? » et « qu’est-ce que vous aimeriez voir ? » L’artiste a ensuite fait des compositions avec les dessins des élèves qui sont affichées au quartier des Acacias, à la place du port et sur le Musée d’art et d’histoire.
Laure Marville, Que tout le monde!, 2024, affiches imprimées en sérigraphie, 89,5 x 128 cm par affiche
Remerciements : JPP, Dorine Aguerre et Sérigraphie par Duo d'Art
Photographies par Maxime Genoud
Robin Mettler & Sina Schöpf
*1993 et *1994, Bern
Les deux artistes de Berne, qui poursuivent parallèlement des pratiques individuelles, réunissent leurs forces pour construire une fontaine avec des matériaux inattendus. Son placement sous terre à l’arrêt bas du funiculaire (Gare-Université) interroge cette structure qui signale les lieux centraux de nos villes.
Poursuivant leur réflexion sur les lieux emblématiques d’une ville, les deux artistes interviennent sur l’Hôtel de Ville. D’une part, les éléments en polystyrène – un matériau récent et largement utilisé dans la construction – contrastent avec le style néoclassique qui se réfère à l’antiquité: le polystyrène rencontre la pierre d’Hauterive. D’autre part, les fenêtres arrondies n’étaient pas prévues dans le premier plan du bâtiment. En les obstruant, les artistes rétablissent avec humour l’histoire du projet original tout en modifiant la luminosité intérieure.
Robin Mettler et Sina Schöpf , How to build a fountain (advanced), 2022, polystyrène, panneaux en mousse dure, résine époxy, bois, tube aluminium, tuyau PVC, pompe à eau, 240 × 390 × 190cm
Robin Mettler et Sina Schöpf, Plugs, 2024, éléments en polystyrène, panneaux en mousse dure, mousse de construction, 105 x 210 x 50 cm pièce
Photographies par Maxime Genoud
Marie Schumann
*1991, Zürich
Le textile est l'un des premiers produits du commerce mondial. Ici, à Neuchâtel, c'est la production des « indiennes » qui a laissé une grande richesse - des tissus de coton imprimés de motifs colorés, d’après des exemples de l'Inde. Mais ce n’est pas un cas isolé, l'histoire du textile est présente sur nos corps, dans notre langue et dans presque tous les cantons de Suisse.
L'installation de Marie Schumann explore notre histoire textile jusqu’à aujourd’hui. Nous pouvons suivre les fils du processus de conception des indiennes - importés d'Inde ou fabriqués spécialement pour la traite des esclaves. Dans le textile nous voyons les objets de violence, la division du travail et l’exploitation humaine.
À travers les noms donnés aux couleurs des fils comme « Caribbean pink, Indian spirit ou Imperial blue », apparaissent l'histoire et la mémoire, qui mènent à l’interrogation de l’historien Hans Fässler : « À quels crimes notre richesse est-elle liée ? » L’installation se prolonge à Valangin.
Marie Schumann, Guiding Threads I, 2024, tissus brodés, tissus de coton brut, 1000 x 1000 cm
Marie Schumann, Guiding Threads II, 2024, tissus Jacquard, 200 x 250 cm
Production en collaboration avec l’atelier de broderie Walter Sonderegger
Photographies par Maxime Genoud
Caroline Tschumi
*1983, Lausanne
L’artiste Caroline Tschumi tire son inspiration des années 1960 et 1970, notamment de l’univers cartoon. Des compositions d’une rare densité révèlent une réalité mythologique et onirique.
Caroline Tschumi traduit sa pratique du dessin à l’échelle monumentale en réalisant deux œuvres sur bois qui sont installées sous la Collégiale au centre-ville et au quartier des Acacias. Dans ses compositions elle combine fables populaires, légendes et anecdotes personnelles en lien avec Neuchâtel.
Caroline Tschumi, Sans titre, peinture sur bois, 460 x 570 cm
Caroline Tschumi, Sans titre, peinture sur bois, 170 x 70 cm
Installation en collaboration avec Menuiserie Vauthier
Photographies par Maxime Genoud